Les pucerons

 

Les pucerons sont de petits insectes (de 1 à 10 mm de long) piqueurs-suceurs, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de la sève des plantes. Ces ravageurs sont redoutables car ils ont une forte capacité de reproduction. En effet, ils sont vivipares et peuvent se reproduire de façon parthénogénétique (reproduction asexuée). Ainsi, une femelle peut produire de 40 à 100 clones pendant la durée de sa vie. Ils sont aussi vecteurs de virus qu’ils transmettent au moyen de leur rostre quand ils s’alimentent. Ils sont également polyphages, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de nombreuses plantes différentes. Il existe de nombreuses espèces de pucerons aux couleurs variées (vert, orange, noir…) et ils font partie de la famille des Aphididés. L’espèce la plus présente sur les bégonias est Aulacorthum solani mais d’autres espèces peuvent apparaitre sur cette plante.

La plupart des pucerons sont aptères, c’est-à-dire qu’ils ne possèdent pas d’ailes. Mais, quand la colonie devient trop importante, on voit apparaitre la forme sexuée pourvue d’ailes pour permettre la dissémination vers d’autres sources de nourriture. Ce phénomène se nomme polymorphisme et permet l’adaptation au milieu.

 

Symptômes

Les dégâts réalisés par les pucerons sont la déformation des feuilles (crispation, enroulement…), la transmission de virus et l’affaiblissement général de la plante. Si l’invasion est trop importante, cela peut conduire à la mort de la plante. Le miellat sécrété par les pucerons peut provoquer l’apparition d’un champignon de couleur noire sur les feuilles qui réduit la photosynthèse. C’est la fumagine (Cladosporium).

Une des premières traces visibles d’une colonie de pucerons est la présence de mues blanches des pucerons (exuvies) qui restent sur la plante ou tombent au sol. La présence de fourmis sur et autour des plantes est aussi un bon indice.

Les pucerons sont d’abord dispersés sur la plante mais se regroupent rapidement en amas sur les jeunes pousses et les bourgeons floraux.

 

Traitements

De nombreuses solutions naturelles sont à notre disposition pour lutter efficacement contre les pucerons. Dans un premier temps, nous détaillerons les possibilités qu’offre la lutte biologique, c’est-à-dire l’utilisation des insectes ennemis des pucerons. Et, dans une seconde partie, nous aborderons les produits naturels accessibles et facilement utilisables.

La lutte biologique met à disposition plusieurs auxiliaires contre les pucerons dont les plus utilisés sont les mouches parasitoïdes, les cécidomyies et les chrysopes. Mais les coccinelles européennes sont aussi une bonne solution. Il est important de proscrire les traitements chimiques et de minimiser les interventions pour favoriser l’apparition naturelle des différents auxiliaires. En effet, de nombreux insectes utilisés dans la lutte biologique vivent naturellement en France.

Les guêpes parasitoïdes sont des insectes (Aphidius ervi / Aphidius colemani) qui ressemblent à de petites mouches mais qui font en fait partie de l’ordre des Hyménoptères et peuvent apparaitre spontanément en serres ou dans le jardin. Elles sont minuscules et ont une durée de vie très courte mais ce sont des auxiliaires très performants pour lutter contre les pucerons. La femelle pond un œuf dans le corps du puceron et la larve se développe au sein de son hôte en le transformant en momie avant de sortir par un petit opercule rond. Ces momies sont assez faciles à observer  sur les feuilles au sein des colonies de pucerons.

Les chrysopes sont des insectes (Chrysoperla carnea) très communs dans nos jardins et sont appelés à tort éphémères. De couleur vert clair avec des yeux dorés, ce sont les larves qui sont prédatrices; les adultes ne se nourrissant que de pollen et de nectar de fleurs. Les larves sont assez difficiles à observer car elles sont principalement actives la nuit.

Les cécidomyies (Aphidoletes aphidimyza) fait partie de la famille des diptères et ressemble à un petit moustique. Ce sont les larves qui sont prédatrices. Elles apparaissent au printemps après avoir hibernées dans le sol. Elles sont oranges, transparentes et de forme allongée. Les adultes pondent les œufs directement dans les colonies de pucerons.

La coccinelle est un insecte de petite taille, de forme arrondie et présente une couleur rouge ponctuée de points noirs. Mais les couleurs peuvent être très variables (orange, jaune, noir…) même au sein d’une même espèce. Elle fait partie de la famille des coléoptères. C’est la larve, très reconnaissable à son corps fuselé gris parsemé de petites tâches oranges, qui est la plus vorace même si les adultes consomment aussi des pucerons. De nombreuses espèces de coccinelles sont utiles pour lutter contre les pucerons. Les plus intéressantes sont la coccinelle à deux points (Adalia bipunctata) et la coccinelle commune (Coccinella septempunctata) car elles sont naturellement présentes en France. Attention, la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), qui fut introduite dans les années 80 pour la lutte biologique, est actuellement considérée comme nuisible. En effet, elle pose désormais de nombreux problèmes car elle prolifère excessivement et entre directement en concurrence avec les coccinelles autochtones.

Comme la lutte biologique peut être délicate à mettre en œuvre, il est possible d’utiliser des produits naturels qui peuvent être une solution suffisante pour lutter contre les pucerons.

De plus en plus, de nombreux produits de traitement « bio » sont proposés dans le commerce. Il est pourtant conseillé d’éviter de les utiliser car ils ne sont pas totalement inoffensifs. Pour exemple, la roténone, qui compose un grand nombre d’insecticides, ne serait pas totalement sans danger comme il était indiqué au début de sa commercialisation.

Il est beaucoup plus simple d’utiliser du savon noir ou du liquide vaisselle dilué dans de l’eau en le pulvérisant directement sur les pucerons. Les doses à respecter sont de 15 à 30g/litre d’eau et les applications devront être renouvelées chaque semaine jusqu’à la disparition des parasites. Par contre, il est recommandé de supprimer les parties de la plante qui sont trop infestées avant la pulvérisation du mélange.

D’autres solutions existent comme l’infusion d’ail ou la décoction d’absinthe ou bien encore le purin de menthe poivrée.

Il est aussi très important de surveiller quotidiennement les plantes pour repérer au plus tôt les parasites. Dans ce cas, quand il n’y a que quelques pucerons présents, il suffit de les écraser manuellement pour éviter toute prolifération.

Les fourmis jouent un rôle non négligeable dans le développement des pucerons car elles assurent leur protection et leur dissémination en échange du miellat qu’ils produisent. Il est donc primordial d’éliminer les colonies de fourmis alentours pour s’assurer qu’elles n’attaqueront pas les auxiliaires et qu’elles ne continueront pas de propager les pucerons. Des pièges avec des substances non toxiques sont à disposition dans le commerce.