Pourquoi cultiver un bégonia en terrarium ?
La question pourrait être : où cultivez-vous vos bégonias ? réponses possibles : dans mon appartement, dans une véranda non chauffée, dans une pièce « libre » de la maison, dans une serre. Pour cultiver des bégonias dans de bonnes conditions, pour se rapprocher le plus possible des conditions de vie naturelles de ces plantes, et cela reste vrai pour les hybrides, il faut leur fournir :
- Une hygrométrie élevée
- De la chaleur
- De la lumière
Ce n’est ni dans l’appartement (trop sec), ni dans la maison (trop sombre), ni dans la véranda (trop froide l’hiver si elle n’est pas chauffée) que vous pouvez cultiver correctement vos chers bégonias. Si on ne possède pas une serre chauffée, humide et éclairée, la seule façon d’apporter les trois éléments – chaleur, hygrométrie, lumière – à vos plantes est de les cultiver dans des « miniserres » ou terrariums, où il sera beaucoup plus facile et moins coûteux de réaliser et de maintenir ces trois conditions fondamentales.
En effet, la culture en terrarium, quand les conditions ci-dessus sont réalisées, assure leur permanence sans intervention pendant plusieurs semaines. Comme vous allez le voir, un terrarium est facile à réaliser, la culture y est vraiment très simple et, de plus, vous pouvez vous absenter et abandonner vos plantes pendant plusieurs semaines !
Quel contenant ?
N’importe quel récipient transparent et « assez » grand peut faire l’affaire, qu’il soit en verre ou en plastique : il est transparent, donc laisse passer la lumière, étanche, donc l’hygrométrie s’y maintient de façon stable et il peut être facilement placé (et déplacé) dans un endroit pratique, convenable, chaud et éclairé.
Les photos vous montrent qu’il y a de nombreux modèles possibles. Les aquariums sont particulièrement adaptés à la culture des petits bégonias, que ce soient des « boules » ou des aquariums parallélépipédiques classiques. On peut utiliser une bouteille en verre si elle est suffisamment grande, ou en plastique pour faire démarrer des boutures, ou une mini-serre vendue dans les jardineries, ou un plat en verre pour four micro-ondes recouvert d’une cloche, ou une soucoupe percée de trous et également recouverte d’une cloche , une barquette de congélation, etc… etc… Nos amis américains trouvent dans le commerce des terrariums pratiques spécialement conçus pour cultiver des plantes. On peut également, lorsqu’on sait couper et coller le verre, fabriquer soi-même des terrariums « sur mesure » et en particulier des terrariums capables d’abriter de grandes plantes.
Un point important : il faut pouvoir fermer et ouvrir le terrarium facilement : le mieux est une plaque de verre (sur mesure et dont on aura érodé les bords) qui ferme sans empêcher la lumière de passer et qui peut se déplacer pour aérer à la demande, ou un morceau de film transparent percé de quelques trous.
L’hygrométrie, la chaleur, la lumière
Pour obtenir une hygrométrie satisfaisante dans le terrarium, il faut que le substrat soit humidifié au départ ; j’ai bien dit « humidifié » ce qui se fait avant l’installation du bégonia (si vous enfoncez un doigt dans le substrat, le trou ne doit pas se remplir d’eau ! ) ; de la buée qui se dépose sur les parois est signe d’une bonne hygrométrie ; elle est alors voisine de 90%. Il n’est pas utile d’arroser la plante (sauf au moment de l’installation pour que les racines soient au contact du substrat) ; comme le terrarium reste fermé, l’hygrométrie ainsi obtenue va se conserver un certain temps ; on obtient également une bonne hygrométrie en cultivant la plante sur du Sphagnum vivant ; outre l’action aseptisante de cette mousse, elle « auto-entretient » l’hygrométrie dans le terrarium.
Fournir de la chaleur en hiver est important : les bégonias supportent mal le froid, surtout en milieu à forte humidité, ce qui est le cas dans un terrarium. Il faudra donc le placer à proximité d’une source de chaleur ; c’est facile dans une maison ou un appartement, moins dans une véranda non chauffée. On peut également installer un câble électrique chauffant dans le substrat, au fond, lorsque le terrarium est assez grand et que l’on peut le percer pour faire passer les fils. On peut se le procurer facilement dans les jardineries ou dans un magasin d’aquariophilie. Attention, ces câbles ne chauffent pas le terrarium, ils chauffent le substrat et ce mode de chauffage a tendance à l’assécher ! Dans tous les cas, il est bien plus facile et beaucoup moins coûteux de chauffer un terrarium qu’une véranda ou une serre !
Dans la nature et même dans la forêt pluviale relativement sombre, les bégonias reçoivent une certaine quantité de lumière qui, en assurant la photosynthèse, permet à la plante de se nourrir. Dans la zone tropicale où ils vivent, la durée du jour varie de 10 à 14 heures environ. En France, les variations sont plus importantes : l’été, la durée du jour est d’environ 16 heures, mais de seulement 8 heures en hiver. La lumière artificielle permet de compléter le déficit en hiver. Si dans une véranda ou une serre, la lumière est suffisante, ce n’est pas le cas dans la maison ou l’appartement ; on peut alors envisager de laisser les terrariums situés le plus souvent dans la maison ou l’appartement, sous lumière artificielle toute la journée, soit pendant 14 heures environ. (pour les lampes à utiliser, plusieurs articles ont été écrits à ce sujet : voir le Bégofil). La plupart des bégonias poussent bien sous lumière artificielle.
Le substrat
Ce qui est vrai pour la culture des bégonias en pot le reste pour celle de ces plantes en terrarium : le substrat doit être léger, aéré et drainant. Il est malheureusement difficile de se procurer en jardinerie un terreau approprié à la culture des bégonias ; on peut en acheter chez les revendeurs d’articles pour les horticulteurs professionnels : il est relativement moins cher, il est mieux adapté (c’est un terreau non composté, à base de tourbe) mais il se vend par sac de 70 litres. On peut se regrouper pour partager la dépense.
Comment aérer ou alléger le terreau ? en y ajoutant de la perlite (roche volcanique expansée qui se présente sous forme de granulés blancs). Généralement on ajoute environ un tiers de perlite mais on peut aller jusqu’à deux tiers pour les plantes saxicoles (qui poussent sur les rochers). Par contre, éviter la vermiculite qui a un trop grand pouvoir de rétention d’eau (elle peut, par contre être utilisée pour le bouturage). La perlite permet d’obtenir un substrat plus drainant, car plus aéré. On peut également mettre une épaisseur de quelques centimètres de perlite ou des billes d’argile dans le fond du terrarium, avant le terreau. Cela assurera un bon drainage et évitera que les racines des plantes ne s’asphyxient dans le fond du terrarium où peut s’accumuler un peu d’eau.
Ajouter un peu de charbon de bois pour éviter que le terreau ne croupisse ce qui, à long terme, provoque des pourritures bien évidemment néfastes aux plantes. Le charbon de bois que l’on utilise en aquariophile convient bien.
Quelle épaisseur de substrat dans l’aquarium ? si vous plantez le bégonia « en pleine terre », il lui faut suffisamment de substrat, je dirais environ un quart de la hauteur du terrarium. Si votre plante est en pot ou sur une plaque de liège ou sur un morceau de travertin (le tuf), une épaisseur moindre est suffisante, mais il en faut absolument pour assurer l’hygrométrie.
On peut « planter » du Sphagnum vivant dans le terrarium. En fait, quelques brins de cette mousse (la sphaigne) posés sur le substrat s’enracinent, puis se développent. Comme je l’ai dit plus haut, cette mousse des tourbières a un effet aseptisant remarquable et entretient une humidité permanente dans le terrarium. En général, les bégonias adorent le Sphagnum (pas tous en raison de l’acidité du milieu ainsi créé) et en particulier pour bouturer : une feuille de bégonia, un rhizome, un morceau de tige posés sur du Sphagnum vivant en terrarium s’enracinent très rapidement. On peut aussi utiliser du Sphagnum sec (le plus souvent en provenance du Chili, on le trouve dans certaines jardineries) que l’on coupe en petits morceaux incorporés au substrat. Son action aseptisante et hygrométrique est moindre.
Certains bégonias poussent sur des rochers calcaires et ont donc besoin de « calcium ». Le plus simple est d’incorporer un peu de sable de corail au substrat (on se le procure dans les jardineries qui ont un rayon aquariophilie).
La culture en terrarium : l’entretien de la plante et du terrarium
L’installation d’une plante est simple : après avoir mis le substrat, dégagez un trou rond à sa surface et au centre pour y déposer la motte de la plante à installer ; tassez un peu, et arrosez à peine ; posez le couvercle et placez le terrarium dans un endroit « idéal »…C’est tout ! Votre plante va pouvoir tenir quelques semaines, voire quelques mois, sans autre intervention.
- Surveillez l’hygrométrie (la buée qui doit se former sur les parois) et si elle vous semble insuffisante, vaporisez (avec de l’eau de pluie). Si vous pensez que l’ensemble est trop mouillé, aérez.
- Surveillez les feuilles : celles qui pourrissent (c’est normal, il y en a toujours), tombent et occasionnent la pourriture de celles qui sont à son contact.
- Quand la plante grandit, il se peut que les feuilles touchent les parois du terrarium : si c’est le cas, c’est que votre terrarium était trop petit pour la plante choisie !
- De même, lorsque la plante fleurit les hampes dépassent parfois les feuilles et touchent le verre ; cela engendre souvent leur chute ! Enlevez le couvercle et envisagez un terrarium plus grand pour la prochaine fois …
- Attention ! si un fruit se forme, aérez le terrarium. N’oubliez pas que dans la nature, les bégonias font leur fruits puis leurs graines, en début de saison sèche, l’énergie de la plante étant consacrée non plus à croître, mais à assurer sa survie en faisant des graines. Si vous maintenez un fruit en milieu trop humide, vous êtes presque assuré de le perdre. Donc, ouvrez le terrarium ou, mieux encore, laissez une ouverture (dans le « papier-couvercle » si vous avez utilisé du film plastique) par où pourra passer le pédoncule portant le précieux fruit.
- Utilisez de l’engrais très modérément ; si les feuilles jaunissent, il se peut que la plante manque de nourriture ; dans ce cas vaporisez de l’eau très légèrement enrichie d’engrais. Ne le faites que sur des plantes adultes et saines.
- Au bout de quelques mois, il se peut que le terreau du terrarium s’assèche ; si vous arrosez, l’eau n’humidifie plus le substrat (c’est particulièrement vrai avec un terreau à base de tourbe) et descend directement, par les côtés, au fond du terrarium : la plante ne pousse plus et ses racines risquent de se trouver dans l’eau et de s’asphyxier ! Désolé, il faut vous résoudre à refaire le terrarium ! Mais comme vous aurez fait une bouture du trésor que vous cultiviez, vous allez pouvoir remplacer la plante originelle fatiguée par une jeune plus vigoureuse !
- Autre problème fréquent dans la culture en terrarium : après quelques mois de culture il se forme des algues vertes sur les parois de verre ou de plastique. Il est difficile de les enlever, il en reste toujours un peu et elles se reforment de plus belle ! Terrarium à refaire… Jetez le terreau, ne le gardez pas pour un rempotage… il est « fatigué »
- On remarque également souvent, la formation de mousse à la surface du substrat : difficile de s’en débarrasser ; sachez que la présence de sphaigne, qui est une mousse, dans le terrarium, empêche souvent la formation des autres mousses…
- En résumé, si vous utilisez des terrariums, il faut envisager de les refaire entièrement au bout d’un an, deux au maximum. Utilisez de l’eau de Javel pour nettoyer les contenants.
Quels bégonias cultiver en terrarium ?
Tous les petits bégonias des régions tropicales humides peuvent se cultiver en terrarium ; adaptez la grandeur du contenant aux dimensions de la plante adulte. Par contre, évitez de cultiver en terrarium des bégonias à feuilles épaisses (B. conchifolia par exemple), plantes qui supportent des périodes sèches. Voici une liste non exhaustive de bégonias à cultiver en terrarium :
- Amérique centrale : bowerae / hydrocotylifolia / squarrosa / strigillosa / aridicaulis / ludicra / violifolia, etc…
- Tous les petits bégonias rhizomateux africains, tous les petits tubéreux de Madagascar.
- Asie du Sud-Est : tous les petits bégonias des Philippines, de Malaisie, de Sumatra, de Bornéo et de Nouvelle Guinée : decora / nigritarum / nurii / sudjanae / rajah / luzonensis / rhombicarpa / ionophylla / amphioxus, etc …
- Asie continentale : Chine, Vietnam : leprosa / pseudodryadis / augustinei / versicolor / pedatifida / handelii / chuniana, etc …
- Amérique du Sud : crispula / lanceolata / olsoniae / depauperata / herbacea etc …
Les petits bégonias tubéreux, en particulier les espèces de Madagascar, se cultivent aisément en terrarium ; ce mode de culture présente plusieurs avantages pour ce type de plantes. En effet, lorsque l’on cultive ces plantes, la difficulté principale est de conserver le tubercule, qui est parfois minuscule (parfois pas plus de 5 mm de diamètre), lorsque la plante se met au repos. En terrarium et sous lumière artificielle, ces plantes ne se mettent pratiquement pas au repos et plus encore, fleurissent continuellement ! La difficulté de conservation est donc levée ; cependant, il est sage de disposer de quelques boutures de sauvegarde car ces bégonias ne reconstituent pas leurs réserves comme le font habituellement les bégonias tubéreux pendant leur période de repos et s’affaiblissent, donc vivent moins longtemps. En revanche, lorsqu’il arrive qu’elles se mettent au repos même dans les bonnes conditions évoquées ci-dessus, laissez le tubercule dans le terrarium, le couvercle étant légèrement ouvert : il ne pourrira pas et il ne séchera pas !
Envisagez des terrariums plus grands pour des espèces telles que : chlorosticta / bipinnatifida / augustae / goegoensis / erythrogyna / pendula / borneensis / isoptera / polilloensis / malipoensis / hemsleyana etc, etc …
Les terrariums sont très utiles pour bouturer les bégonias (d’ailleurs, il arrive fréquemment qu’une feuille tombée s’enracine spontanément dans un terrarium). Une bouteille d’eau minérale coupée en deux permet très facilement et efficacement de réaliser des boutures (voir le Bégofil n° 79)
De même, il m’arrive souvent de placer pour quelques semaines une plante chétive ou malade, dans un terrarium et ce séjour aux « soins intensifs » est généralement très profitable à la plante.