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Les bégonias de l’Equateur (2014)

par Jacky Duruisseau

du 29 mai au 20 juin 2014

En 2012, notre premier voyage avait eu lieu en mars, en saison des pluies : les volcans étaient dans les nuages et les bégonias, en fleurs mais pratiquement sans fruits ! L’objectif de ce second voyage était donc double : voir le sommet des volcans qui culminent à plus de 6000 m et trouver des graines de bégonias, en particulier ceux des sections Gobenia et Eupetalum. Il était prévisible que juin, en saison sèche, serait plus favorable, que nous verrions les sommets enneigés du Cotopaxi et du Chimborazo et que nous trouverions des fruits sur les bégonias. Dame Nature en avait décidé autrement, mais seulement en ce qui concerne la météo : une saison des pluies qui n’en finit pas et beaucoup d’eau pendant les deux premières semaines ! Et des sommets encore plus invisibles qu’en 2012 ! Mais les fruits des bégonias étaient au rendez-vous…

Parlons tout d’abord de l’extraordinaire biodiversité de l’Equateur. La raison en est, évidemment, la diversité du relief : deux cordillères recevant les eaux du Pacifique pour l’une, à l’ouest, de l’Amazonie pour l’autre, à l’est, avec entre les deux, un plateau à environ 2500 m d’altitude, l’allée des volcans ; ceci entraîne une diversité des altitudes : nos recherches nous ont fait passer du niveau de la mer, à Guayaquil, à 3500 m dans les cordillères ; il s’ensuit une diversité du climat : équatorial chaud et humide sur les flancs ouest et est des deux chaînes montagneuses, de 500 à 2500 m ; frais et humide dans les « forêts des nuages » andines de 2000 jusqu’à 3500 m. Nous avons rencontré tous les intermédiaires.

Laissez-moi vous raconter …

Région de Lita : Lita est une petite ville située au nord de Quito, près de la frontière colombienne, à environ 200 km de la capitale. Nous sommes ici dans la cordillère occidentale, dans une région accidentée, chaude, en partie recouverte de forêt pluviale très humide, arrosée par les pluies venues du Pacifique. De nombreux torrents descendent de la montagne. Nous y retrouvons le géant du genre BegoniaB. parviflora, (photo 1) qui peut atteindre 3,50 m de haut ! Difficile de cultiver cette plante au salon ! Pour Chantal et Jean Louis Béreau qui effectuent leur premier voyage-bégonias, c’est une révélation ! La plante est fleurie. En réalité, nous allons rencontrer cette espèce dans toutes les forêts humides de moyenne altitude de l’Equateur, où les inflorescences composées d’une multitude de petites fleurs (d’où son nom) blanches, permettent de le repérer de loin sur les pentes forestières.

Nous visitons deux autres torrents un peu plus loin vers l’ouest et trouvons une espèce que nous n’avions pas vue en 2012 (photo 2), plante épiphyte sur les troncs et les rochers près du torrent, juste en bordure de route et qui pourrait appartenir à la section Gobenia. Notre guide Sebastian tombe dans ce torrent, imité par Chantal souhaitant ainsi célébrer le baptême de son premier bégonia B. parviflora rencontré in situ…les rochers sont glissants mais l’eau claire n’est pas très froide !

Région de Baeza : Nous passons sur le versant Amazonie après avoir franchi sous la pluie, le col de Papallacta à 4000 m. Paysage typique des Paramos : tourbières, plantes en coussins et landes d’altitude ; il fait froid et nous ne trouvons ici aucun bégonia…of course ! Les cours d’eau descendent furieusement vers…l’Amazone ! Baeza est la porte équatorienne nord de l’Amazonie. Après Baeza, la route longe le pipeline (l’Equateur a du pétrole ce qui contribue à une croissance de plus de 6%) et nous mène aux chutes de San Rafaël (fermées après une crue de la rivière Quijos). Plusieurs stations intéressantes dans cette région : après le village de El Chaco, nous trouvons dans un lambeau de forêt B. parvifloraBglabra et une espèce mal identifiée de la section Gobenia (photo 3) : malheureusement, aucune fleur et aucun fruit sur cette belle liane (fleurie en mars 2012) ; nous allons rencontrer très souvent cet épiphyte (photo 4) jusqu’à San Rafaël, et en particulier, à proximité de la cascade Malo où il pousse sur les troncs moussus en grande quantité et dans une hygrométrie très importante due aux embruns de la cascade ; mais là non plus, pas une seule fleur, pas une seule graine. Dans la descente depuis Baeza, une piste visitée en 2012 nous fait redécouvrir une espèce que j’avais pensée être B. tiliifolia ; en réalité, il s’agit de B. consobrina (photo 5) : les feuilles des deux espèces se ressemblent, entières, asymétriques, pendantes, plus larges chez B. tiliifolia ; ce sont surtout les fleurs qui font la différence : les inflorescences de B. tiliifolia sont unisexuées et blanches ; celles de B. consobrina, bisexuées et roses. La flore de Wasshausen et Lyman B. consacrée aux Bégonias de l’Equateur ne mentionne pas cette différence pourtant importante. Curieux !

Region de Misahualli / Puyo : . La flore citée ci-dessus annonçait des bégonias à quelques kilomètres de Baeza vers le village de Cosinga : l’indication est trop vague et nous ne trouvons rien ! Par contre, en remontant un chemin qui longe le rio Oritayacu, nous retrouvons sur les arbres en bordure de la piste l’espèce de la section Gobenia rencontrée vers San Rafaël ; Colette repère une magnifique orchidée épiphyte en fleurs du genre Lycaste. Nous empruntons une autre piste un peu plus loin : le même bégonia pousse sur toutes les souches (qui témoignent qu’ici, auparavant, existait une forêt ! ) Il est pratiquement en plein soleil et ses fleurs sont rouges ! (photo 6 ) En haut du chemin, nous le retrouvons dans un lambeau de forêt : les feuilles sont brunes (photo 7) ! Est-ce la même espèce ? Pas de fleurs qui auraient permis de comparer. Nous commençons une incursion dans le Parc d’Antisana visité en 2012 mais une pluie diluvienne nous oblige à rebrousser chemin. Quelques kilomètres plus loin, sur le bord de la route, une plante à la floraison d’un rouge extraordinaire : B. urticae (photo 8) que je pensais être B. longirostris, de la section Casparya : les fruits ont un rostre très prononcé caractéristique de la section ; fleurs et fruits sont présents.

Nous arrivons dans la soirée à Misahualli petite ville d’Amazonie au bord de la rivière Napo (un affluent de l’Amazone). Atmosphère chaude et humide et ambiance totalement différente de la zone andine : une certaine langueur…Des singes se promènent au « centre-ville » ; le « Petit-Fûté » recommande de s’en méfier et de ne rien laisser à leur portée ! L’Auberge Espagnole nous accueille pour la nuit : la pub (sur Internet) promettait une chambre donnant sur le Napo…C’est vrai, le Napo coule à 50 m de l’auberge mais reste peu visible derrière des constructions aux toits de tôle ondulée…Au restaurant, Sébastian notre guide se régale de … larves (de coléoptères ! ) Colette goûte …pas convaincue. Nous nous rabattons sur le tilapia (un poisson d’eau douce) accompagné de manioc, tomates et oignons : délicieux ! Dans le jardin de l’auberge, un bégonia ! Nous remarquons fleurs, fruits, semis et plantules simultanés : certainement un bégonia annuel ce qui sera confirmé : il s’agit de B. humilis (photo 9 )

Nous reprenons notre chasse aux bégonias le lendemain, sur la route de Puyo. Nous sommes toujours sur le versant amazonien et en bordure de la réserve de Jatün Sacha, nous découvrons une merveille : B. maynensis (photo 10, 11).

Nous connaissons ce bégonia que nous cultivons tous sous le nom de B. longimaculata. Mark Tebbitt confirme qu’il s’agit bien de la même plante. Le limbe est très variable, les taches argentées internervurales étant plus ou moins présentes et parfois complètement absentes. Très peu de fleurs mais des fruits très matures (les graines sont déjà en partie disparues) dans cette très belle station où nous rencontrons également de nombreuses plantes intéressantes, entre autres des Aracées spectaculaires et une Gesnériacée superbe (photo 12). Une petite visite au « sentier botanique » de Puyo nous permet de découvrir une espèce que je ne connaissais pas, B. buddleiifolia (photo 13) : des fleurs et des fruits. Le soir, nous logeons au Lodge Altos del Pataza à quelques kilomètres de Puyo : vue magnifique sur la rivière Pastaza qui coule 200 m plus bas (photo 14).

Région de Baños : cette journée devait être celle de la découverte du rare Begonia hitchcockii de la section Gobenia. C’est en vain que nous explorons les sentiers et ruisseaux en bordure de route. Nous y trouverons seulement les espèces déjà rencontrées : B parviflora, B. consobrina, B. urticaeB. buddleiifolia. Une espèce fréquemment vue en 2012 pousse sur les bords de route ! Il s’agit de B. fischeri que l’on pourrait qualifier d’espèce rudérale tellement elle semble s’accommoder des bords de route, de la proximité des zones habitées et des bords de sentiers qui y mènent. Une visite au « Chaudron du diable » , énorme cascade (photo 15),nous permet d’apercevoir quelques pieds de B. foliosa. L’hôtel du soir est installé au pied d’un volcan actif, le Tungurahua…Aucune éruption n’est prévue pour cette nuit…

Région de Macas : Nous quittons Baños et franchissons le col d’Atillo à 3500 m. La descente se montre très riche en orchidées de toutes sortes (l’Equateur en comporte plus de 4000 espèces). C’est un peu plus bas, vers une alttitude de 2800 m que nous découvrons plusieurs stations d’un autre bégonia de la section Gobenia ; il s’agit peut-être de B. maurandiae également rencontré dans la région de Mindo et dans le Parc d’Antisana en 2012. Mark Tebbitt estime qu’il lui faut revoir complètement la taxonomie de la section Gobenia à laquelle appartient cette espèce et que cela prendra plusieurs années ! La dernière station, à 5 km après le col, est tout à fait remarquable : ce bégonia rampant, une liane, recouvre un talus sur plusieurs m2 et la plante est fleurie (photos 16, 17, 18) ; les fleurs mâles sont bien épanouies, les fleurs femelles à peine formées s’épanouiront sans doute plus tard. Aucun fruit n’est visible ! Nous nous étions arrêtés pour pique-niquer, exactement au bon endroit ! Après cette très intéressante découverte, nous arrivons à Macas et rejoignons notre gîte que l’on peut qualifier « de charme » ; nous y sommes accueillis comme des rois par notre hôtesse, anglaise et …de charme également…Dîner et petit déjeuner du lendemain matin typiquement équatoriens sur la terrasse au-dessus du jardin (photo 19)

Région de Loja : La pluie nous accompagne encore vers le sud en direction de Zamora. Nous sommes toujours sur le versant amazonien de la cordillère est. Entre Macas et Gualaquiza, nous rencontrons les deux espèces les plus courantes : B. parviflora et B. fischeri dont les graines sont de couleur rousse.
Le lendemain, sur la route de Zamora, Sebastian découvre, depuis la voiture, sur le talus bordant la route, une très belle station de B. humilis qui recouvre tout un talus ainsi que les rochers avoisinants.
Nous quittons Zamora ; une erreur de « navigation » nous permet de trouver une belle station de B. guaduensis en fleurs et fruits. Nous retrouvons la route que nous cherchions, l’ancienne piste de Loja ; elle serpente le long de la rivière Zamora en traversant des zones forestières : B. guaduensis, B. fischeri, B. parviflora et B. glabra sont présents. Sont également présents de nombreux Chinois…qui construisent un barrage ! Un peu plus loin sur la piste, nous avons le plaisir de rencontrer une maison, en planches, dont la façade est garnie de pots, avec de nombreuses plantes fleuries, dont quelques bégonias…hybrides…(photo 20)
Passage dans la grande ville de Loja sous un ciel gris et bas. Direction sud vers Vilcabamba. Nous entrons dans le Parc du Podocarpus où nous sommes à nouveau dans la zone andine ; nous y avions fait de belles découvertes en 2012. De nombreuses orchidées étaient fleuries, ce qui n’est plus le cas en juin ! Déception en arrivant dans la forêt primaire : les bords de la piste ont été nettoyés ! Nous apercevons quelques restes de B. acerifolia.

Fort heureusement, quelques centaines de mètres plus haut, l’élagage n’a pas été fait et une très belle station de ce superbe bégonia apparaît (photo 21) : nous sommes à 2800 m, il ne fait pas très chaud et l’hygrométrie est importante. B. acerifolia, de la section Knesebeckia a des feuilles palmatilobées possédant des zones nervurales argentées du plus bel effet ; certaines feuilles sont entièrement vertes ; la racine est renflée (tubéreuse mais ce n’est pas un tubercule) et la plante peut atteindre 1 m de haut ; elle est malheureusement délicate à cultiver sous nos climats, préférant sa « forêt des nuages » natale à nos serres trop chaudes ! Je la cultive  en extérieur ; avec une protection de fougères sèches de 20 cm d’épaisseur sous une toile plastique, elle a ainsi résisté à l’hiver 2012-2013. Mais elle n’est pas très vaillante… Nous retrouvons sur la mousse des arbres du parc, l’espèce épiphyte de la section Gobenia déjà rencontrée ; curieusement, certaines feuilles ont des points blancs ce qui en fait une plante magnifique (photo 22) ; d’autres feuilles, de la même plante, entièrement vertes, en sont dépourvues ; d’autres encore ont un ombilic et des nervures rouges (photo 23). La question se pose encore une fois : s’agit-il de la même espèce ? Aucune fleur sur cette belle plante qui était fleurie en mars 2012, mais sur un pied, à 3 m du sol, quelques fruits (photo 24) ! Nous terminons la visite avec B. urticae en fleurs. Encore une espèce très difficile à conserver en culture.

Région de Vilcabamba : Nous retrouvons un climat plus chaud et plus ensoleillé à Vilcabamba, la ville des centenaires…De là, nous continuons vers le sud et explorons quelques lambeaux de forêts ; la région est en effet très déforestée et les seuls endroits encore boisés se trouvent à proximité du lit des torrents, dans des endroits trop escarpés pour être cultivés. Nous y trouvons un bégonia inconnu, espèce rhizomateuse aux grandes feuilles d’un vert pâle (photo 25) ; il pousse là en grande quantité ; malheureusement nous ne voyons aucune fleur ni aucun fruit. Il est accompagné de l’incontournable B. parviflora !

Nous repartons dans les Andes vers la réserve de Tapichalaca où nous passons la nuit. Température basse, pluie et brume ! Cette réserve, visitée en 2012, a été créée par la Fondation Jocotoco, du nom d’un oiseau bizarre et très rare que nous allons voir de près : ailes courtes, absence de queue, haut sur pattes, il habite les fourrés et est nourri chaque jour de larves par les employés du lodge ; il est donc presqu’apprivoisé et nous pouvons l’observer facilement. Il en existe très peu d’individus.

Peu de bégonias dans la forêt des nuages, à 2500 m. (photo 26) : B. urticae dans une variété aux feuilles très poilues et toujours l’espèce à points blancs de la section Gobenia, rencontrée finalement assez souvent au cours de ce voyage.

Région de Piñas : Ce 13 juin (un vendredi ! ) s’avérera être une belle journée … car nous allons rencontrer quatre espèces ! Nous quittons Vilcabamba en direction de l’ouest. Un peu après Catamayo et après s’être renseignés sur son état (nous redoutons toujours les éboulements) nous prenons une piste de 50 km qui nous conduira à Portovelo vers Piñas. Paysage de montagne avec de nombreuses parcelles de forêt « sèche » tout à fait différente de ce que nous avons vu côté amazonien et de la forêt des nuages andine. La route est bordée de talus recouverts de fourrés élevés et denses. Après 5 km de piste, des fleurs blanches attirent notre attention : c’est un bégonia ! Il s’agit de B. erythrocarpa (photo 27)  (dont les graines sont de couleur roux foncé, d’où son nom). Nous avions rencontré en 2012 un exemplaire de cette plante, que nous ne connaissions pas à l’époque, vers Alausi sur la route de Zhud, mais ici, ce bégonia pousse vraiment en grand nombre. Quelques kilomètres plus bas, notre Président Jean Louis découvre son premier bégonia et nous l’appellerons « Jean Louis sp. » jusqu’à ce que Mark Tebbitt l’identifie comme étant B. piurensis (photo 28).

Cette plante est apparemment en train d’entrer en dormance, ses feuilles sont fanées et tombent ; il reste quelques fleurs et de nombreux fruits. En 2012, nous l’avions vu fleurie vers Zhud où elle recouvrait complètement les talus du bord de la route ; je n’avais jamais vu un tel « tapis » fleuri ! Nous allons rencontrer B. piurensis et l’espèce précédente, jusqu’à Portovelo, donc de 2100 à 1300 m d’altitude. Nous approchons de Portovelo et faisons une halte à proximité de la cascade de La Milagrosa : les conditions sont ici très différentes, nous avons perdu presque 1000 m d’altitude et il fait chaud et humide ; le long de la piste, sur le talus, des fleurs blanches, des tiges épaisses et érigées, peu de feuilles mais des fruits : B. ludwigii (photos 29, 30). Nous continuons à « fouiner » dans les environs de la cascade ; sur une paroi terreuse, le dernier bégonia de la journée : de nombreuses feuilles jeunes et solitaires issues d’un tubercule : je pense à B. serotina ; Mark Tebbitt hésite avec B. nervidens. Seule une étude plus approfondie nous permettra de savoir de quelle espèce il s’agit exactement. Une chose reste certaine : il s’agit d’un tubéreux qui repart, alors que plus haut, les grands bégonias précédents entrent en dormance.

Nous arrivons à la réserve de Buenaventura, également gérée par la Fondation Jocotoco, en pleine forêt tropicale humide. Les colibris vifs et multicolores sont au rendez-vous (photo 31) et se disputent les meilleures places aux abreuvoirs. Le soir, nous pouvons observer et écouter des hiboux.

Réserve de Buenaventura (région de Piñas) : Nous reprenons nos recherches le lendemain matin. Le 4×4 avance avec difficulté sur la piste de la réserve : trois arbres barrent le chemin ; ils ne sont pas énormes et nous les dégageons avec machette et corde (photo 32). B. parviflora est encore largement présent, ainsi que B. consobrina (photo 33).

La forêt est ici magnifique et riche : Aracées, Orchidées, Broméliacées, Fougères sont partout et poussent avec une exubérance incroyable (photos 34/35). De très nombreux papillons nous accompagnent (photo 36). Dans la soirée, nous rendons visite au rare « oiseau-taureau » perché au-dessus de la piste.
Nous quittons cet endroit idyllique en direction de Cuenca. Au village de El Pasaie nous retrouvons en bord de route, B. ludwigii et B. guaduensis (photo 37). Les deux plantes ont des fleurs et des fruits.

Région de Alausi / Huigra : Après Cuenca où nous dormons, nous nous dirigeons à nouveau vers les Andes au centre du pays. Nous avions exploré cette région en 2012. Vers Zhud, nous retrouvons les deux tubéreux découverts ici : B. froebelii et B. aequatorialis. Le premier est au repos, et le second, encore en fleurs. Les deux ont des fruits de la saison passée. Au vu des photos de B. aequatorialis, (photos 38, 39), Mark Tebbitt pense qu’en réalité, il pourrait y avoir deux plantes : B. aequatorialis et B. pleiopetala ; dans ce cas, ce serait le premier enregistrement de B. pleiopetala dans cette région (nous sommes dans la province de Cañar).
Nous partons vers Alausi ; B. froebelii et B. aequatorialis sont encore présents et en fruits. Nous sommes à 2300 m d’altitude, et je suis toujours étonné de rencontrer des bégonias dans des prairies de montagne qui constituent un biotope inhabituel pour des bégonias (photo 40).

Nous quittons Alausi pour atteindre notre halte du soir, l’hacienda La Posada del Nuebes (photos 41, 42), après 7 km d’une piste vertigineuse ! Nous sommes au bout du monde, dans un endroit magnifique, authentique et accueillis par des gens sympathiques et chaleureux.

Dernière journée de recherche des bégonias : la région de Huigra, sur la route qui nous ramène « à la civilisation » est souvent citée dans la Flore de l’Equateur de Wasshausen et Lyman B. Smith. Nous devons y trouver entre autres B. compacticaulis et B. triramosa que nous ne connaissons pas. Les indications dans la flore sont pour le moins vagues : alentours de Huigra, 5 km au nord de Huigra, entre Huigra et Naranjapata, etc ! Aucun point GPS (la flore date de 1979 ) La description de B. compacticaulis laisse imaginer une plante qui ressemble beaucoup à B. ludwigii. Et c’est certainement lui que nous voyons très souvent dans cette région, plante qui entre en dormance et dont il ne reste que des tiges épaisses mesurant parfois plus d’un mètre de haut (et des fruits). Mark Tebbitt pense aussi que B. ludwigii et B. compacticaulis sont sans doute la même plante. Quant à B. triramosa , le mystère reste entier ! Nous rencontrons une plante inconnue aux fleurs roses portées par des tiges noueuses très longues qui forment de véritables buissons (photo 43, 44), (Mark Tebbitt confirme en 2016 qu’il s’agit certainement d’une nouvelle pour la science). Nous apercevons également B. guaduensis et B. piurensis.

Le jour du retour arrive (bien trop vite, comme d’habitude, avec l’impression qu’il reste beaucoup à faire et à découvrir). Notre bilan est cependant très positif puisque nous avons rencontré plus de 25 espèces dont certaines nouvelles par rapport à 2012 (B. maynensis, B. buddleifolia, B. urticae, B. humilis) et une nouvelle espèce.

Remerciements : je tiens à remercier l’American Begonia Society et les Branches de l’ABS (Sacramento Br, Buxton Br, Carbel Corwin Br, , Middle Br, Palm Beaches Br, Potomac Br), pour le support financier qu’elles m’ont apporté dans la réalisation de cette expédition. Que les généreux donateurs individuels soient aussi remerciés. Sans cette aide, ce voyage n’aurait pu avoir lieu.

Je remercie enfin Mark Tebbitt pour l’aide qu’il m’a apportée dans la détermination des plantes ; je ne doute pas que, lorsque ses travaux de révision de la taxonomie des plantes de la section Gobenia seront terminés, il nous en fera profiter.