Le bouturage

La multiplication végétative : le bouturage

Deux méthodes, ou plus exactement deux organes, sont utilisés pour la multiplication végétative du bégonia : la feuille ou la tige. La forme de croissance dicte en quelque sorte les facultés d’émission des racines et surtout de nouvelles feuilles ou de nouvelles tiges. En règle générale, les rhizomateux se multiplient plutôt par la feuille, et les formes érigées par la tige. Il y a bien sûr des exceptions, certains rhizomateux ou assimilés ne se multipliant que par la tige, et certaines formes érigées étant en fait des rhizomateux « à tige », multipliables par la feuille (surtout des asiatiques : Begonia diadema, Begonia déliciosa, nepalensis,…).

La bouture de feuille

De multiples techniques sont utilisées : feuille entière, morceau de feuille, carré de feuille, avec ou sans pétiole*. Choisissez cette feuille un peu aoûtée, mais pas forcément desséchée. Elle doit être saine, sans trace de maladie antérieure ou actuelle. Votre outil doit être le plus tranchant possible (lame de rasoir, greffoir ou sécateur affûté). Et, vous devez effectuer l’opération en une seule fois d’un geste vif et bien assuré. Coupez la feuille avec un morceau de pétiole très court. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est dans les 5 mm de pétiole les plus proches du limbe* que sont concentrées les meilleurs facultés d’enracinement . Soyez très rigoureux sur la section de votre pétiole qui doit être propre, nette, sans blessure. Laisser sécher la plaie quelques minutes, sans aller jusqu’au flétrissement de la feuille, mais pour « cicatriser » un peu la blessure.

Le mélange terreux a son importance : il doit être à la fois drainant pour ne pas faire pourrir la bouture et suffisamment rétenteur pour l’hydrater; assez léger pour ne pas compacter et ne pas l’étouffer et suffisamment lourd pour bien la tenir, la « borner ». Le mélange le plus classique et le plus facile à réaliser pour un particulier se compose de parts égales de tourbe et de sable fin. Mêlez-les intimement, brisez les mottes. Si vous êtes courageux, tamisez.

Prenez une caissette avec un fond de tessons fins ou de billes d’argile expansée pour le drainage. Étalez votre mélange, sans trop tasser, en laissant une petite « assiette » de 2 cm à la surface (ce creux vous permettra dans quelques semaines d’arroser; plus abondamment, sans déborder, pour bien humecter ce jeune plant). Faites tremper cette caissette sans l’arroser pour éviter la battance donc le tassement. Posez votre feuille bien à plat, en lui faisant épouser au maximum la surface du substrat. Enfouissez légèrement le bout de pétiole, mais ne tassez pas trop, surtout si votre sable n’est pas très fin, vous risqueriez de blesser votre bouture. Si votre feuille est importante, rien ne vous empêche d’inciser des fourches de nervures sur la face inférieure, comme vous avez pu le lire si souvent.

Arrosez légèrement, juste pour humecter la bouture et aider le substrat à mieux y adhérer. La feuille va raciner en deux à quatre semaines selon les espèces et les cultivars. Soyez toujours très prudent en ce qui concerne l’arrosage, point crucial. Ne laissez jamais se dessécher le substrat, particulièrement les deux premières semaines mais n’inondez surtout pas non plus. « Ni trop, ni trop peu ». Pas d’engrais, bien sûr, les hormones d’enracinement n’étant même pas nécessaires. Ne rempotez que lorsque le diamètre de la motte de racines est à peu près équivalent à celui de la feuille. Soyez très délicat avec votre jeune plant et avec son système radiculaire. Il est encore faible et se brise facilement.

Rempotez dans un substrat encore assez léger, mais déjà plus nutritif. Il doit s’agir d’une étape intermédiaire de grossissement. Les racines doivent encore prospérer, prendre la forme du pot avant de rentrer dans quelques semaines dans un dernier contenant plus volumineux qui sera le même jusqu’à la floraison. Pour le moment, plantez dans un mélange de tourbe (2/5), sable fin ou vermiculite* fine (2/5) et terreau (1/5). N’allez bien sûr pas trop vite. Choisissez un godet adapté, ne dépassez jamais dix à douze centimètres. De nouveau, ne tassez pas vous-même ou alors juste assez pour éviter les poches d’air. Contentez-vous d’arroser à la pomme. L’eau se chargera progressivement de tasser le substrat autour des racines.

La bouture de tige

Cette méthode est plus classique, la seule variation étant l’utilisation d’un morceau de la tige, ou de sa tête.

Prélevez délicatement vos boutures, sans couper à tort et à travers. Sectionnez proprement, éventuellement en retaillant une seconde fois la coupe. Il ne doit subsister aucune trace de blessure ou de déchirure des tissus de la tige. Insistons comme toujours sur la nécessité d’utiliser des outils (greffoirs ou sécateurs) les plus propres et les plus tranchants possibles. Si vous vous en servez fréquemment, affûtez-les souvent.

Le mélange sera le même que pour les boutures de feuilles (1/2 sable fin – 1/2 tourbe). Intimement mêlé, il sera même éventuellement tamisé, surtout si votre tourbe est un peu grossière. Humidifiez-le bien avant de planter. Il est important que le substrat ait bien absorbé l’eau. Prévoyez la chose à l’avance, un substrat un peu sec étant parfois un peu long à se réhumecter.

Choisissez dans l’ensemble, des extrémités de tiges assez trapues, aux entre-noeuds les plus serrés possibles. La bouture idéale mesure une dizaine de centimètres au maximum. Ceci dit, tout est relatif , la tige de certains bambusiformes adultes peut en mesurer une vingtaine, si l’entre-noeud est aussi long. Si la tige n’est pas trop tendre, elle peut parfaitement prendre. « Habillez » la bouture en ôtant, toujours le plus proprement possible, les fleurs, les bourgeons des deux premiers nœuds, les feuilles les plus basses, pour n’en garder que deux ou trois selon leur surface. Vous limiterez ainsi l’évapotranspiration* et conserverez donc le maximum de réserves à votre futur « bébé ». Sectionnez, bien sûr, toujours sous un nœud, en ne laissant que deux ou trois millimètres.

Vous pouvez bouturer directement en godets, en plaçant une bouture par godet de 7 cm ou trois par godet de 9 cm. Si vous en avez beaucoup, et que vous n’êtes pas certain du résultat, commencez par la terrine. Vous ne rempoterez par la suite que les plus belles réussites, en éliminant ce qui vous apparaîtra comme trop chétif ou n’ayant pas raciné assez vite.

Procédez pour le rempotage comme pour les boutures de feuille, en ne rempotant qu’au bout d’un mois et demi, voire huit à dix semaines, une fois que le volume de racines est supérieur à la « couronne » de la bouture. N’attendez pas si vous voyez que les nouvelles racines sont comprimées, qu’elles passent par le trou de drainage ou même qu’elles forment un feutrage en surface.

Si vous souhaitez plus tard conserver des plantes basses et touffues, pincez très tôt, dès le deuxième ou troisième mois, en sectionnant juste au-dessus d’un bourgeon. Ne pincez pas au-dessus d’une hampe ou d’une cicatrice florale. En parlant de fleurs, prenez pour habitude de les supprimer sur vos jeunes boutures qui se fatiguent vite si elles doivent se consacrer à des floraisons interrompues, sans réserves et avec un système racinaire trop faible pour supporter toute nourriture.

Placez boutures ou godets à chaud, à l’étouffée, au moins pendant les deux ou trois premières semaines. Maintenez un bon niveau hygrométrique pour les aider à tenir le coup au début.

Enfin, dernier conseil, n’arrosez pas trop, vous risquez de voir pourrir très vite les jeunes plants.